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les monologues du chienchien
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21 décembre 2006

Lundi 18 décembre 2006, 15h07, pour la première fois de sa vie Mon Maître voit un ouvrier de près

France_Le_Mans_Renault_1

Sur la photo ci-contre figure un groupe de six ouvriers sortant de l'usine. On peut y observer quelques caractéristiques communes à tous les ouvriers dont la moustache et la casquette. Notez par ailleurs que leur style vestimentaire est désespérément pauvre.

Ouaf Ouaf. Avant son déplacement de lundi dans une usine ardennaise comment Mon Maître, sans ne jamais en avoir vu, pouvait-il comprendre quelque chose aux travailleurs, aux pauvres, enfin bref aux... euuhh euhh... ah merde.... j'ai un trou là, ah zut... j'ai un gros trou noir... merde comment on les appelle déjà ces bonshommes toujours un peu dégueulasses qui bossent comme des cons dans des tenues bleues complètement grotesques ?... Oh non, c'est trop bête... je l'avais sur le bout de ma petite lanlangue pendante... mais si vous voyez bien... ces types en blouses bleues qui travaillent tous les jours de la semaine comme des gros abrutis dans des ateliers mal chauffés et qui, le samedi après-midi, se retrouvent au supermarché pour faire leurs courses (non, non je plaisante pas, ils font vraiment leurs courses eux-mêmes) avec leurs femmes grosses et moches et leurs enfants gros et moches... tous entassés comme des cons dans ces immondes supermarchés bourrés de pauvres poussant des caddie vides... ça porte un nom... Ah mais si... merde... Bon tant pis, ça me revient pas... je vais les appeler les pauvres mais, j'en suis sûr, y'a un mot mieux que ça...tant pis...ah... si voilà... ça me revient : les ouvriers. Voilà, les ou-vri-ers. Ouf. Ouaf, Ouaf. J'ai bien cru que ça n'allait jamais me revenir : les ou-vri-ers. Bon pour aller vite, depuis lundi donc Mon Maître sait ce que c'est qu'un ouvrier. Avant des ouvriers, il en avait vu à la télé et au cinéma mais jamais en vrai ; quand il avait vingt ans il avait un peu le même problème avec les filles (à poil ouaf ouaf) : il en matait dans plein de films un peu olé olé mais, jamais en vrai, à l'exception de trois jeunes militantes chiraquiennes frigides. Le lundi 18 décembre 2006 fut donc un grand jour pour Mon Maître : il a vécu ce jour-là une sorte de second dépucelage, un dépucelage social cette fois-ci. Comment ça s'est passé ? Ben écoutez il a été un peu rapide et maladroit mais dans l'ensemble, pour une première fois, ça va, ça ne s'est pas trop trop mal passé, ça aurait pu être bien pire : il aurait pu oublier de se protéger. Mais Mon Maître, il est très prévoyant, ce jour-là, il s'est très bien protégé : pendant toute la visite de l'usine, un bataillon de CRS veillait sur lui. 

Soyons honnêtes, avant lundi, il n'avait jamais vu un ouvrier de près, en revanche, de loin, en plus de cinquante ans de vie, il en a croisé deux ou trois, il n'a pas pu faire autrement. Mais voilà, toujours de loin, voire de très loin : depuis la vitre fumée d'une luxueuse berline ou en survolant en hélicoptère certaines contrées un peu reculées. Si vous voulez il connaissait les pauvres comme les amateurs de safari au Kenya connaissent les lions, les éléphants ou les rhinocéros. Il savait vaguement à quoi ça ressemblait de loin, sans plus.  Mais qui peut lui reprocher ces petites lacunes alors que les pauvres sont des gens qu'il n'a jamais eu l'occasion de côtoyer ? Ce n'est quand même pas de sa faute s'il est né dans une famille d'aristocrates (à ce propos, son nom complet est très chic, je l'adore, c'est Nicolas Sarkozy de Nagy-Bosca, c'est la classe non ?) et de bourgeois (avec un père publicitaire et une mère avocate, c'était l'opulence à la maison). Ce n'est quand même pas non plus de sa faute si ce milieu privilégié lui a donné une excellente éducation : par exemple, enfant, quand il se baladait avec sa mère aux abords de l'hôtel particulier qu'ils habitaient, lorsqu'ils croisèrent un ouvrier pour la première et seule fois (le quartier était chic, peu d'ouvriers y déambulaient), sa mère lui attrapa vigoureusement le bras et lui dit la chose suivante : "Nicolas, il faut que je t'apprennes quelque chose, c'est très important : tu le vois le vilain monsieur avec une moustache et une casquette là-bas, tu le vois hein ?, eh bien, écoute moi bien Nicolas, c'est un pauvre et toi tu es riche et éduqué alors tu ne dois pas approcher les pauvres encore moins leur parler, sous aucun prétexte tu m'entends ?, et quand il t'arrivera de ne pas pouvoir faire autrement que d'en croiser un dans la rue, surtout, surtout, tu ne le regarderas pas dans les yeux et tu hâteras le pas car un pauvre c'est sale, sot et c'est dangereux mais, écoute moi bien mon tout petit, un pauvre c'est aussi inférieur à toi, alors tu devras le toiser et, en adoptant une attitude hautaine et méprisante, bien lui faire comprendre que c'est une grosse merde que tu domines sans peine, d'accord mon ange ?". En enfant modèle, le petit Nicolas lui répondit "d'accord ma petite maman chérie, j'ai tout compris, ne t'inquiète pas". Et quelques jours plus tard, il l'a prouvé en appliquant à la lettre les conseils de sa mère qui peinait à cacher sa fierté et qui avait eu raison de ne pas s'inquiéter pour son fils adoré. Comment je sais tout ça moi, son chien ? Eh bien je n'invente rien, je le sais parce qu'il m'a raconté son enfance, on raconte beaucoup de choses à son chien vous savez.

La suite de sa vie ? Elle ne lui a pas plus permis de rencontrer des pauvres. Je vous passe les détails, tout le Monde connaît l'impressionnant parcours de Mon exceptionnel Maître : il est devenu avocat, maire de Neuilly, député et ministre. Il n'a quitté Neuilly que pour s'installer dans les palais de la République et il n'a quitté les palais de la République  que pour retrouver Neuilly. Pendant plus d'un demi-siècle, il n'a donc eu aucun mal à tenir les pauvres à distance. Le veinard. Enfin cela dit Mon Maître, ça a beau être le meilleur, sur ce plan là il n'a pas beaucoup de mérite car à Neuilly, comment aurait-il pu faire autrement ? Vous avez déjà essayé de chercher un pauvre à Neuilly (c'est un jeu très prisé là-bas) ? Eh ben si vous vous y amusez un jour, bon courage, vraiment, bon courage, c'est dur comme jeu. Je vous donne un seul exemple : en ce moment, le plus pauvre des habitants de Neuilly essaie d'échapper à l'ISF, un peu comme Johnny, c'est vous dire. A Neuilly les pauvres, ils ne dorment pas dans la rue : ils portent un foulard Hermès sous leur chemise Vuitton, jouent au golf le dimanche matin et roulent en Jaguar XK.

Vivre sans ne jamais voir un pauvre, c'est pas possible ? Et parmi ses amis alors, direz-vous ? Il a peut-être bien un ou deux amis pauvres ? Dieu merci non, tous ces amis comptent parmi les plus grandes fortunes de France : Martin Bouygues, François Pinault, Bernard Arnault, j'en passe. En tout cas comme tous les riches, ce sont vraiment tous des mecs hyper sympas, milliardaires mais très simples, ils se contentent du minimum : un chauffeur et trois gardes du corps. Bon enfin voilà quoi, les années ont passé sans que Mon Maître ait eu à rencontrer ni des pauvres, ni des ouvriers, ni des racailles, ni des clochards, ni des arabes, ni rien de tout ce qu'il appelle "une sous-humanité répugnante". Finalement Mon Maître l'a prouvé, on peut très bien vivre pendant de très nombreuses années sans jamais voir un vrai pauvre en vrai. On le peut très bien mais voilà... il ne faut pas vouloir devenir Président de la République car comme Mon Maître vient de le comprendre : " en fait les pauvres, ils sont nombreux, je ne savais pas qu'il y en avait autant, moi je pensais qu'il y avait plus de riches que de pauvres. Si je veux avoir une chance d'être élu, je n'ai pas le choix, je vais devoir faire un gros boulot sur les pauvres, je vais devoir aller les voir de très près, dans leur merde".

Bon enfin bref lundi soir, après avoir visité l'usine et discuté avec les ouvriers, Mon Maître est rentré à la maison complètement désespéré, vraiment très très en colère en disant : "je peux pas, je n'y arrive pas, y'a rien à faire, je ne supporte ni leur gueule, ni leur haleine, ni leur crasse  et puis ça passe très mal avec eux... Je le vois bien qu'ils le sentent que je les prends pour des cons en leur faisant croire que leurs problèmes me bouleversent et que je veux les régler. Mais qu'est-ce qu'ils veulent à la fin ? Que je me mette en bleu de travail avec une casquette et une fausse moustache, c'est ça ? Il devrait déjà être content que je parle d'eux, que je parle de cette France-là, celle qui souffre...merde. Eh ben si c'est comme ça, j'en ai plus rien à foutre moi de la France qui souffre, qu'elle crève les mains dans le cambouis la France qui souffre". Calme-toi Mon petit Maître, c'est pas grave, tu vas apprendre à les connaître les pauvres. Pour l'instant, c'est normal que tu galères : quand on a jamais vu de pauvres, c'est difficile de faire semblant de les comprendre. Ne t'inquiète pas, tu vas progresser, je suis sûr que tu vas progresser. [Idée cadeau-utile pour Mon Maître : "Comment parler aux pauvres pour les nuls". Pourquoi parler aux pauvres ? Bien sûr pas pour le plaisir de leur parler (ou serait le plaisir d'ailleurs ?). Mais pour se faire élire par eux et pour, une fois à l'Elysée, ne plus jamais avoir à leur parler.] A Ouaf.

 

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Commentaires
S
@ Xquise<br /> <br /> Oui c'est vrai qu'avec son mètre soixante-cinq, Mon Maître ne peut guère que toiser les pauvres nains ou les nains pauvres, je ne sais pas trop comment les appeler (imaginez une sorte de passe-partout en bleu de travail avec une clé de 12 à la main). Mais au moment où la mère de Mon Maître prononça sa tirade sur les pauvres elle pensait, avec son admirable suffisance de grande bourgeoise, que son fils chéri allait dépasser le mètre quatre vingt-dix... Ouaf Ouaf<br /> <br /> @ avecsarkozy <br /> <br /> Comme vous le soulignez avec pertinence, Mon Maître est très habile : il a réussi à s'inventer un passé difficile pour faire croire à tout le monde qu'il ne doit sa réussite qu'à son travail et à son mérite personnel : un coup de Maître, un coup de Mon Maître. Continuez à le soutenir et à lui être fidèle, il le mérite. Vous êtes sûr de votre info : la femme de Mon Maître a vraiment supervisé elle-même les travaux de notre appartement ? Décidément Ma Maîtresse (enfin la femme de Mon Maître) est elle aussi géniale. Vive Mes Maîtres. Ouaf Ouaf<br /> <br /> @ BC<br /> <br /> Non, il n'avait jamais vu d'ardennais non plus. Il a voulu faire d'une pierre deux couilles : pour sa première rencontre avec des ouvriers, il a voulu que ce soit des vrais ouvriers, des ouvriers ardennais. Il s'est dit : mieux vaut ne pas faire les choses à moitié. Il n'a pas été déçu du voyage. Pour lui un ouvrier c'était Renaud dans Germinal, il fut surpris de se retrouver face à Dédé qui lui dit : "putain avec tous ces bicots, mon gamin il va aller où pour trouver du boulot, en Roumanie ? Et les nègres ? Vous allez en faire quoi de tous ces nègres? Il faut tous me les stériliser pour que mon gamin trouve du boulot". <br /> Merry Christmas et à la next week (j'emploie un langage codé pour être le plus discret possible).
B
Parce que, mon p'tit chienchien, tu nous narre cette rencontre avec la France du fond, mais ton maître, il avait déjà croisé un Ardennais, à part ça??? C'est pas encore mieux qu'un ouvrier normal, un ouvrier ardennais ? Encore plus gros, plus moustachu, plus pauvre.... <br /> <br /> Et pi, je dis juste pour avecsarko, qui a signé un message juste au dessus de celui ci, que son blog ressemble clairement à un blog lepeniste : des voyous qui saccagent un bureau de l'UMP, et alors ? T'as jamais vu un poivrot saccagé un bureau du PMU ???<br /> <br /> Mafois.<br /> <br /> Bon, joyeux Noel, et on se voit la semaine prochaine. J'ammenerai Baltique.<br /> <br /> BC
A
Bonjour, <br /> Je vous rapelle pour memoire que le pere de NICOLAS a du lui meme passer une nuit dans la rue quand il est arrivé en France.<br /> Il faut aussi savoir que CECILIA a elle-meme supervisé les travaux de l'appartement du ministère de l'interieur avec un architecte.<br /> Je ne condamne pas vos notes car je suis démocrate.<br /> Bien a vous.
X
"Toiser" les pauvres. Voilà un conseil de sa maman que ton maimaitre doit avoir du mal à appliquer.
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