Sarkomania

Mon Maître est une star. Pour moi, rien de nouveau, Mon Maître a toujours été une star, même la fois où, en pleine nuit, juché sur un tabouret brinquebalant, je l'ai vu changer une ampoule en caleçon en manquant six fois de se fendre le crâne. Le cerveau si bien foutu de Mon Maître gisant sur le sol comme un poulpe agonisant, vous imaginez le gâchis que ça aurait été pour la France. Eh bien cette nuit-là, dans la pénombre de notre modeste chambre (70 m²), pour moi, Mon Maître, c'était déjà une star et d'en bas, je ne voyais pas un petit homme hirsute excédé et une paire de couilles (hirsutes aussi) débordant d'un caleçon informe, je voyais un super-héros capable de faire apparaître la lumière en quelques secondes. Je voyais un Dieu. Je voyais Mon Maître, ma star. Mais jusque là rien d'étonnant : dans le regard de leurs chiens, tous les maîtres sont des stars. Même ceux dont la seule gloire est d'avoir obtenu un lot de 35 merguez à - 20 % à Carrefour. Pour ce qui est de Mon Maître à moi, aujourd'hui personne ne peut plus en douter : c'est une vraie star. Et pas uniquement à mes yeux, aux yeux du monde entier. Une star internationale. Tout ce que touche Mon Maître se transforme en or. Sur eBay, tout ce qu'il a touché s'arrache : un bouquin, une photo, une lettre dédicacés et tout ce qu'il n'a pas touché s'arrache aussi : des affiches, des autocollants, des badges, des T-shirts, des ballons, des tongs, des sacs et même des préservatifs estampillés UMP-Nicolas Sarkozy. Je me suis laissé dire que certains couples rêvent un jour d'en utiliser, même achetés d'occasion. Dans les cours de récréation, les objets à l'effigie de Mon Maître ont remplacé les images Panini : des enfants de 10 ans s'échangent une tong 38 contre 4 autocollants "tout devient possible". Toutes les générations sont touchées par une sorte de sarkomania : dans les maisons de retraite, des octogénaires parkinsoniens se chamaillent à mort pour un poster collector datant des législatives de 1997. Certains fans sont prêts à tout pour des choses plus intimes : quelques goutes de sueur, un stylo mordillé, un timbre léché, un flacon d'urine, un poil de torse, un mouchoir souillé, un postillon capturé. La plupart d'entre eux vendraient pères et mères pour enrichir leur collection d'un mégot de cigare fumé par Mon Maître au Fouquet's le soir de sa victoire. Vous voulez devenir riche ? Lancez-vous dans la fabrication en série de mégots de cigares fumés par Mon Maître au Fouquet's le soir de sa victoire. Au rythme où vont les choses, les fans de Mon Maître vont bien finir par s'intéresser à moi un jour. Deux de mes poils vaudront alors une petite fortune et moi je serai couvert d'or.

Comments

[sarkochienchien]

Ouaf Ouaf merci pour ce soutien mais je n'en ai pas besoin, je sens la fortune approcher à grandes pattes. Pour ce qui est des tongs et des capotes, je n'ai pas d'avis, je n'en porte jamais.

[toto]

Pas mal les tongs qui laisse des traces "UMP" sur la plage, j'espère juste que les capotes ne produisent pas le même effet sur la bite. j'ai des copines socialistes

[Mikaela]

Et tu n'auras plus un poil sur le caillou... Mais c'est pas totalement moche, un chien nu de Chine... :0)

[clem]

il ne s'intéresse pas à toi ton maître ?
veux tu ne pas te plaindre chien chien. Tu vis dans un palace plus grand qu'un chateau et tu veux nous faire croire que tu es abandonné ?
ah chien chien tu es trop gâté.
clem