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les monologues du chienchien
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21 novembre 2007

Déco

3454440367_fillon_decore_de_la_grand_croix_de_l_ordre_nationalHier matin Mon Maître a remis à Fillon les insignes de Grand Croix de l'Ordre national du Mérite. Mais quel mérite il a Fillon ? Qu'est-ce qu'il a fait pour recevoir une décoration aussi prestigieuse ? La réponse est simple : rien. Pendant 6 mois, il n'a absolument rien fait. Et c'est justement ce que Mon Maître trouve exceptionnel. Pour un hyperactif comme lui, ne rien faire est un exploit. Surtout quand on est, non pas chômeur, mais premier ministre. Alors pour l'encourager à continuer sa sieste, il l'a décoré. Un oreiller et une paire de boules Quiès auraient suffit mais les insignes de Grand Croix etc., etc., c'est quand même plus classe, non ? Vous devez vous dire : la France entière est bloquée, des millions de gens s'inquiètent pour leurs retraites et leur pouvoir d'achat et le Président, lui, il décore son Premier Ministre. Eh ben ouais, c'est la vie, c'est comme ça. Dans la vie il y a des gagnants et des perdants. Et dans la vie, aux gagnants, on leur donne des médailles et aux perdants, ben, normal, on leur donne que dalle. Et comme ils ont que dalle, ils trouvent que ça ne fait pas beaucoup, alors ils vont le dire dans la rue. Mais moi je leur dis une chose aux pauvres : ne perdez pas votre temps, rentrez regarder la télé dans vos HLM, ça ne sert absolument à rien de vous peler le cul dans la rue ; de toute façon, vous n'aurez rien. Vous pouvez toujours gueuler, revendiquer, vitupérer : Mon Maître et ses ministres, ils s'en foutent complètement de votre colère de losers. Vous m'entendez : ils s'en branlent de vos gueules de pauvres et ils ont bien raison. Après tout, pourquoi ils s'intéresseraient à vous ? Vous ne croyez pas qu'ils ont mieux à faire ? Vous voulez savoir ce qu'ils font ? En ben voilà : loin  de vos inquiétudes à la con, dans les dorures de leurs palais, ils se décorent, ils se félicitent, ils s'autocongratulent et je peux vous dire que c'est super sympa et qu'ils rigolent bien. Et ensuite ? Eh ben ensuite, c'est la routine : ils se tapent des toasts au saumon sauvage de Norvège en buvant du champagne frais millésimé dans des coupes en cristal. Regardez le visage de Mon Maître, vous ne trouvez pas qu'il respire la joie de vivre ? Et maintenant, faites l'expérience suivante : regardez la gueule de n'importe quel cégétiste barbu : quelle tristesse hein... Quelle tristesse... La tristesse des perdants, en somme. Mais est-ce de la faute de Mon Maître si les perdants perdent ? Quoi ? Vous voudriez que Mon Maître et ses potes ministres s'inquiètent plus pour les pauvres ? Oh là là non mais vous êtes fous... A chacun ses problèmes... Et puis pourquoi ils s'inquiéteraient, eux ? Parce qu'ils ne peuvent pas circuler ? Vous voulez rire ou quoi : vous croyez qu'ils se déplacent en bus, en métro ou en RER, entassés comme des smicards, et puis quoi encore, eux, ils ont des limousines avec chauffeurs ou des jets privés. Pourquoi ils s'inquiéteraient ? Pour leur pouvoir d'achat ? Ah la bonne blague : quand les prix augmentent de 2 %, eux, ils s'augmentent de 200 % ("whouaah, pas chère, la Rollex"). Pourquoi ils s'inquiéteraient ? Pour leurs retraites ? C'est une blague ou quoi : Mon Maître, s'il arrêtait de travailler demain, il cumulerait déjà 4 ou 5 retraites, soit environ cinq ans de smic par mois. Vous voyez, pour eux, tout va bien. Et qu'est-ce qu'on fait quand tout va bien ? Ben, on boit du champagne frais avec des potes pardi. Qu'est-ce que vous voulez faire d'autre ? C'est la belle vie, quoi. Mais maintenant que Fillon a été décoré, je les vois d'ici les millions de pauvres, de grévistes, de chômeurs, d'étudiants qui, comme Fillon, ne font rien depuis des mois, voire des années, et qui se disent : mais alors, moi aussi, si j'fais une demande, j'ai peut-être droit aux insignes de j'sais plus quoi là, enfin à la grande croix machin ? Non, non, toi, tu n'as droit à rien car, avant d'être un perdant, tu es un privilégié. Tu m'entends : un pri-vi-lé-gié. C'est comme ça, c'est Mon Maître qui me l'a dit. Et si Mon Maître le dit, c'est que c'est vrai. En France, les vrais privélégiés boivent des Kronenbourg et bouffent des sandwiches au pâté. Alors voilà ce que Mon Maître leur demande : qu'ils ferment leurs gueules, qu'ils bossent et qu'ils consomment. Et surtout, surtout, qu'ils laissent Mon Maître tranquille. Parce que, lui, il travaille. Et, lui, ce n'est pas un privilégié.

 

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Commentaires
S
Ouaf ! Avec tout ce qui se passe dans ma vie de chien, j'avais perdu ma niche...
G
j'attend de vous lire sur Royal et Bayrou, voici la note que je leur ai moi meme consacré. Vous y trouverez certainement qq inspirations "chien-chien":<br /> http://longuevue.blog.lemonde.fr/2007/12/07/ce-qui-aurait-pu-sceller-un-accord-royal-bayrou/<br />
R
Big, si j'en crois ton oeil en coin et matois, j'étais persuadée du contraire
S
mais je n'ai jamais eu de sang froid
R
chienchien, tu perds ton sang froid!
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